EPISODE 3 - DE MONTEVIDEO A PAYSANDU


 

-          « Quiere vistar la Casa rodante ?

-          Ah Si ! Es Posible ?

-          Claro que si ! »

C'est dans un Espagnol toujours approximatif mais de plus en plus assuré que je propose aux employés de la station-service de visiter notre maison sur roues. Ici, le camping-car fait l'attraction à chaque arrêt. Et l'intérêt que portent les Uruguayens pour notre histoire et notre mode de déplacement est palpable. Il faut dire que depuis Montevideo, nous n'en avons pas croisé un seul. Cette visite inopinée nous offre l'occasion de rappeler aux enfants l'importance de conserver en ordre l'intérieur de notre maison... l'argument est imparable !

Les pins et les forêts d'eucalyptus bordent la route nationale qui nous conduit à Punta del Este. Le vent souffle et les puissantes vagues du Rio de la Plata s'abattent sur les longues plages qui font face à la ville.

Le ciel est couvert, mais la blancheur des immeubles vient capter le soleil et nous renvoie une image de carte postale au milieu de cette météo capricieuse.

La puissance des éléments recouvre de sable la route principale le long de la Rambla, et les bouches d'égout projettent par surprise un geyser d'eau, telle une baleine échouée au milieu du bitume. L'écume vole comme de la neige devant l'arc en ciel qui se dresse devant nous... la scène semble irréelle.

Après quelques kilomètres de découverte au ralenti de cette ville balnéaire, nous arrivons sur la sculpture de « la Mano » de Mario Rarràzabal. Cet artiste Chilien a créé d'autres mains dans le monde, dont une dans le désert d'Atacama au Chili. L'occasion de rêver à la suite de notre voyage...

Chaque fois, ses oeuvres rappellent notre vulnérabilité face à notre environnement. Les rafales que nous essuyons sont tout à fait de circonstance, et le message de l'artiste prend alors tout son sens !

Nous revenons sur nos pas afin de passer la nuit à Punta Ballena. Le vent ne nous laissera que peu de répit. Bien que positionné face à lui, le bruit assourdissant de ses rafales infatigables ne nous permet pas un repos réparateur.

C'est néanmoins avec une vue imprenable sur le Rio de la Plata et l'architecture atypique de la Casapueblo que nous débutons la journée du 4 juillet.

A chaque sortie de notre maison sur roues, nous avons l'impression de revêtir nos combinaisons d'explorateurs. Nous multiplions les couches de vêtement tel un oignon. Les montagnards savent que c'est un bon moyen pour lutter contre le froid... mais ce vent ! Il passe décidément partout.

Les éléments nous poussent vers le Nord. Nous écoutons leur signe et prenons donc la direction de Minas, tel un bateau cherchant un abri face à la tempête.

Nous traversons quelques ondulations dans ces paysages composés majoritairement de plaines, et apercevons les premiers animaux. Chevaux, vaches et moutons sont dans les prés. Certains sont attachés sur les bords de la route, rendant la tonte et le fauchage des accotements très écologique... mais c'est sans compter les nombreux déchets qu'ils doivent éviter en broutant ! On est très loin du zéro plastique en Uruguay. Il y en a partout !

La petite ville de Minas nous accueille.

Comme toutes les autres, elle est organisée autour d'une place centrale où se trouvent son église et l'Hôtel de ville, et d'où débute le quadrillage parfait de ses rues. Toutes en sens unique, elles alternent successivement permettant tantôt d'aller à droite, tantôt à gauche.

Les maisons sont cubiques et la grande majorité sans étage. Certains quartiers sont très colorés quand d'autres préfèrent se faire discrets. Au milieu des quelques végétaux qui ponctuent les petites parcelles, la couleur vive des oranges et citrons apporte un peu de gaité dans ces jardins monochromes.

Et puis il y a immanquablement les stades de foot. Ici c'est une véritable institution et chaque quartier en est doté. Les tondeuses écologiques sont de sortie : des moutons sont en train de brouter l'un d'entre eux, tenus par une chaine dont on vient déplacer le piquet au fur et à mesure.

Nous poursuivons la route vers Caledones.

Dans une petite cabane en bois, à côté d'un parc, deux femmes sont aux fourneaux. Elles préparent des « Torta frita », une sorte de galette frite, d'un diamètre équivalent à nos crêpes. C'est à notre goût, neutre, et assez riche pour couper l'appétit des enfants...

Nous passons la nuit à côté du musée archéologique de Taddei, avec l'accord de son gardien qui nous invite à venir le visiter dès le lendemain matin. L'occasion pour les enfants de mettre en image leur leçon d'histoire sur le paléolithique réalisée justement la veille. L'école à la maison prend ici tout son sens.

Cap vers Paysandú.

Les paysages se ressemblent depuis Punta del Este, bien qu'un peu plus marécageux par endroit.

Nous traversons la ville de San José avec le sentiment de la connaitre tant elle est similaire à Minas et Cadelones dans son atmosphère et son organisation.

La rue « 25 de Mayo » y est à nouveau présente... il serait bien que l'on comprenne quelle date historique elle peut évoquer.

Paysandù est désormais à 208km quand survient notre première avarie. La roue arrière gauche est à plat. Yannick la regonfle à l'aide de notre compresseur mais notre intuition sera malheureusement la bonne. Quelques kilomètres plus loin, il nous faut la changer.

L'incident technique n'entame pas notre moral et nous mettons à profit les dernières heures d'ensoleillement pour nous imprégner des paysages que nous traversons.

Les enfants profitent de cette journée de route pour dessiner les caméléons, symboles de leur future page internet. Ils observent les plaines défiler sous leurs yeux, et trouvent quelques peu le temps long. Il est vrai que la répétition de ces parcelles est un peu monotone. Heureusement, les Nandous, et nouveaux spécimens d'oiseaux sauvages, sont là pour nous apporter une touche d'exotisme.

La traversée du Rio Negro nous divertira l'espace d'un instant.

Il est 18H30 quand nous arrivons à Paysandú. A cette heure-ci, le soleil vient de plonger pour la nuit. La ville est animée, sans doute l'effet « vendredi soir ». Nous patienterons jusqu'à demain pour la découvrir sous le soleil.

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