01 Octobre 2019
Episode 3 - Côte Atlantique - le bruit et l'odeur



 

 

Si l'on devait établir un ordre hiérarchique des sens, il va sans dire que l'ouïe et l'odorat prendraient la deuxième place du classement, juste après la vue.

Chaque souvenir s'accompagne à minima d'une odeur ou d'une ambiance sonore imprégnant alors notre cerveau d'un tout qui nous replonge alors dans une atmosphère riche en émotions.

Depuis 3 mois, notre cerveau est en perpétuelle ébullition, découvrant chaque jour de nouvelles émotions qui mettent alors tous nos sens en éveil.

Mais au milieu de ces découvertes, certaines émotions commencent à nous manquer. Le goût du pain par exemple ou encore d'un bon fromage Français ! Mais plus simplement, après bientôt 2 mois perchés dans les montagnes de l'altiplano, retrouver le bruit des vagues et l'odeur iodée du littoral commence à devenir obsessionnel...

 

Vendredi 20 septembre. Après une grande journée de route à osciller entre 3000 et 4500m d'altitude, enfin la ville de Nasca nous offre notre véritable premier bol d'oxygène en repassant sous la barre des 1000 mètres. Nous avons la sensation de respirer avec légèreté et sans effort... et savourons pleinement cette impression.

Sur la route nous avons retrouvé Pablo et sa famille rencontrée à Cusco. Souffrant du mal d'altitude, ils se dirigent eux aussi vers la côte. Après des retrouvailles chaleureuses et quelques échanges, nous nous séparons à nouveau, les observant se réduire dans nos rétroviseurs...

Nasca n'est pas en soi une ville très agréable, à vrai dire banale et bruyante. L'agitation qui règne ici contraste brutalement avec le calme de ces derniers jours.

Le lendemain, après avoir assisté à un défilé coloré de toutes les associations sportives de la ville, nous nous dirigeons vers les mythiques lignes faisant tout l'attrait de cette région. L'envie de survoler les dessins formés au sol par ces peuples nous est passée et nous nous contentons d'en découvrir une petite partie depuis le mirador qui borde la Panaméricaine. Les temps est gris et le bruit incessant des avions qui survolent le secteur est désagréable. Nous poursuivons vers l'ouest avec la découverte de nouveaux dessins, cette fois très visibles car tracés sur le coteau de collines. Le petit musée qui jouxte le site nous apprendra qu'ils ont été réalisés par les Paracas, un peuple antérieur à la civilisation des Nazcas. Les enfants apprécient beaucoup ces dessins assez proches d'un graphisme qu'ils maîtrisent et aiment exprimer pendant leurs temps créatifs.

À quelques encablures de l'oasis de Huacachina, nous envisageons alors une journée de halte au milieu d'un paysage annonciateur de l'océan. Ici, des dunes de sable s'étendent jusqu'à l'horizon, avec une hauteur offrant une perspective magnifique sur ce paysage aussi remarquable qu'inattendu.

Nous attendons que le soleil baisse en intensité et nous mettons en quête de la plus haute dune. Après une demi-heure de montée sur un sol qui se dérobe sous chacun de nos pas, nous voici installés au sommet, prêts à apprécier un coucher de soleil au beau milieu d'un décor que nous ne sommes pas prêts d'oublier... L'instant est magique.

Nous emportons malgré nous pas mal de sable que nous mettrons quelques jours à chasser définitivement du camping-car et reprenons le cap vers l'ouest.

 

Dimanche 22 septembre. Enfin, après 3 mois, nous stationnons le camping-car en bordure de la petite place centrale de la ville de Paracas, et nous précipitons vers la plage que nous apercevons depuis nos fenêtres.

Le bruit des vagues arrive jusqu'à nous et ne fait que renforcer l'impatience des enfants de pouvoir retrouver les joies de la baignade. Nous approchons, savourons ce moment tant attendu... ça y est, l'océan pacifique s'étend face à nous. Les enfants se déchaussent et courent dans l'eau. Nous respirons à pleins poumons cette odeur iodée qui nous manquait tant.

Le panorama est splendide. Au milieu des centaines de bateaux de pêche très colorés, les premiers pélicans volent au raz de l'eau, au milieu des cormorans qui les regardent groupés sur les mâts.

On se délecte de cette faune marine et en profitons pour réserver des billets pour les îles Ballestas que nous découvrirons dès le lendemain.

Après une nuit bercée par le bruit des vagues, nous embarquons sur une navette, accompagnés d'un naturaliste, à la découverte des îles.

Après une demi-heure de navigation, nous observons le dessin d'un chandelier réalisé par le peuple Paracas, qui vécu dans les 600 années précédant la naissance de J.C. La conservation de ce tracé est remarquable. En longeant la côte, nous découvrons les premières espèces d'oiseaux marins, installés sur les rochers jouxtant les vagues.

Un peu plus loin, les premières cavités et rochers des îles Ballestas apparaissent devant le bateau. Les oiseaux se font de plus en plus nombreux et les premiers lions de mer nous ignorent tout autant que l'on y porte d'intérêt. Les enfants n'en perdent pas une miette. Malgré une luminosité affaiblie par un léger brouillard, notre attention est captée en permanence. Une colonnie de manchots remonte un des rochers. Splendide !

Les animaux sont partout, et plus nous progressons au milieu des îles, plus le bruit des oiseaux et l'odeur prenante du guano qui l'accompagne s'intensifient. Nous sommes plongés dans un autre monde. La diversité est d'une telle richesse que nous en sommes comme étourdis. Face à nous, une colline immense est totalement recouverte d'oiseaux, dont plusieurs centaines tournoient au dessus de l'océan... incroyable !

Après 2 heures hors du temps, nous retrouvons la plage à côté du camping-car. Au port, les pélicans et cormorans n'ont pas bougés. Nous sommes réjouis de ce que nous venons de vivre et continuons cette belle journée vers la réserve naturelle située à quelques kilomètres.

Après une visite du centre d'interprétation, nous passerons la journée à découvrir les somptueux et très colorés paysages de dunes et de falaises. Rejoins en début d'après-midi par un couple de backpackers Toulousains le temps d'un café improvisé face à l'océan, nous profitons du coucher de soleil sur l'océan avant de rejoindre Paracas et notre petite place.

 

Mardi 24 septembre. Après cette parenthèse océanique, nous prenons la route pour Lima.

Pendant 2 jours, nous retrouvons le rythme et les bouchons de la capitale. Nous avons plaisir à revenir sur la place centrale qui fait face au palais présidentiel et nous replonge alors Yannick et moi 10 ans en arrière. Nous visitons le couvent San Francisco dont nous nous rappellerons longtemps de sa sublime bibliothèque, classée parmi les plus belles au monde. Mais ce qui marquera d'avantage encore les enfants se sont les catacombes. Ici 35000 personnes reposent à tout jamais. Nous évoluons dans des galeries sombres nécessitant bien souvent de se courber tant les plafond sont bas, et bordant régulièrement des cavités contenant des centaines d'ossements tous ordonnés et exposés de manière rigoureusement choisie.

Retrouvant avec bonheur le chemin de la sortie et surtout le grand air, nous passons l'après-midi au sein du musée Larco. Ici, la qualité des oeuvres présentées et les explications très détaillées sur les différents peuples d'Amérique Latine nous donneront une vision très claire quant à leur évolution et leurs coutumes. Une riche leçon d'histoire pour toute la famille.

 

Samedi 26 septembre.

Ce matin, l'actualité nous annonce la mort de Jacques Chirac. Et alors que nous expliquons à Lou et Pablo les grandes lignes de son parcours, me revient en tête la musique de Zebda "le bruit et l'odeur" dont les paroles reprennent l'élocution de l'ancien Président qui avait alors tant marquée les esprits.

 

L'envie de retrouver l'atmosphère apaisante de la côte océanique nous revient, mais avant de reprendre la route, nous profitons de notre séjour dans la capitale pour déjeuner avec une famille d'expatriés français avec qui nous avons été mis en relation par l'intermédiaire d'une connaissance professionnelle. Une fois de plus, nous apprécions ces moments riches en échanges que nous offrent ce voyage, et nous quittons Stéphane et sa famille avec la promesse de se retrouver lors de notre retour sur Lima prévu théoriquement le mois prochain.

 

Cap au Nord.

Nous longeons la côte sur plusieurs centaines de kilomètres avec pour objectif de rallier la cordillère blanche à l'intérieur des terres. Nous sommes effarés par la quantité innombrable de déchets qui bordent la Panaméricaine. Sur des centaines de kilomètres, le bord de cette route mythique est jonché de sacs plastiques accrochés à la moindre aspérité, d'objets en tous genres, de gravats... et de chiens errants espérant y dégotter quelques restes alimentaires. Désolant spectacle...

 

Nous profitons du calme de la petite ville balnéaire de Huanchaco et y découvrons un type d'embarcation typique et ancestrale réalisé entièrement en roseaux.

La nuit tombée, stationnés au pied de l'église, nous avons la chance de profiter d'une procession de la vierge. Très festive avec une fanfare et de nombreux danseurs costumés, elle se terminera sous les lumières et le bruit impressionnant d'un feu d'artifice, et l'odeur de l'encens qui parfumera un bon moment l'intérieur du camping-car.

 

À peine reacclimatés à l'atmosphère océanique, nous regardons notre itinéraire et faisons remarquer aux enfants que d'ici 48 heures nous devrions retrouver l'altiplano.

Autant dire que cette perspective ne réjouis finalement personne au sein de la famille...

Sur cette note morose nous proposons alors aux enfants deux options : cordillère ou Équateur ?

La réponse unanime ne se fera pas attendre : Équateur !!!

... alors en route !

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