Lovée au coin du feu dans la maison de notre ami Jérôme, je
découvre avec Yannick et les enfants le film réalisé par son mari Freddy, dans
lequel nous avions tourné quelques semaines avant notre départ pour Montevideo.
"La traversée". Tel est le titre de ce court
métrage qui, il y a un an, résonnait en nous comme un départ vers un monde
inconnu.
Aujourd'hui, confortablement installée dans ce fauteuil
crapaud, j'observe du coin de l'oil les réactions des enfants face à leur image
qui se profile sur l'écran, et me rend compte une fois de plus de l'évolution
qui sépare ces jeunes figurants, des grands voyageurs qu'ils sont depuis
devenus.
Après ce tournage, nous partions traverser l'atlantique afin
d'y débuter ce merveilleux voyage familial, mais aujourd'hui, bien qu'ayant
décroché les rôles d'acteurs principaux dans cette histoire de globe-trotteurs,
nous poursuivons cette aventure avec le sentiment que le scénario nous échappe
quelque peu...
Jeudi 19 mars.
Nous voilà au Mexique.
Fraîchement débarqués la veille dans des circonstances
rocambolesques, la nuit ressourçante au calme de ce
joli et verdoyant hôtel de Palenque aura tout juste suffit à nous faire
réaliser que nous avions passé une nouvelle frontière, alors jamais envisagée
lors de l'écriture de notre voyage... et pourtant, nous y sommes !
L'atmosphère ici n'est, semble-t-il, pas trop impactée par
ce virus qui paralyse la France depuis 3 jours. Pourtant, l'insouciance des
débuts a laissé place désormais à la prudence et au respect des gestes
barrières, dont nous nous efforçons de prendre les automatismes malgré le
caractère individuel de ces pratiques, qui renforcent d'ailleurs ce regard
suspicieux envers les européens que nous sommes.
C'est donc dans ce contexte particulier que nous décidons de
profiter de l'ouverture du site Mayas de Palenque, pour aller visiter les
ruines de cette ancienne cité exceptionnelle.
Situées à deux pas de l'hôtel, nous parcourons à pied le
chemin ombragé qui nous sépare des ruines, longeant la forêt tropicale dans
laquelle évoluent de nombreux singes hurleurs, beaucoup plus audibles que
visibles au milieu de cette densité végétale.
Le temps est ensoleillé et chaud, ce qui nous a motivé à
entreprendre notre visite dès les premières heures d'accès au site.
Sur place, nous choisissons de nous faire accompagner d'un
guide. Prénommé José, ce jeune garçon passionné par les plantes et maître
chamanique dans son village nous partagera pendant 3 heures ses connaissances
sur l'usage des plantes en médecine et au quotidien, et nous transmettra une
quantité impressionnante d'informations sur la vie et les traditions des mayas.
Avec lui nous arpentons les ruines dans ses moindres recoins
et pénétrons également au coeur du temple principal. En plus de la faible
luminosité qui y règne, l'air est chargé d'humidité et peu renouvelé. Sur les
conseils de José, nous ne nous attardons pas dans cette pyramide qui abrite
visiblement de nombreux couloirs et sans doute aussi bon nombre de mystères.
L'organisation de la cité ressemble à celle que nous avions visité aux Honduras mais l'architecture des édifices et les
sculptures présentes rendent ce lieu unique.
Alors que la visite des ruines touche à sa fin et que nous
nous dirigeons désormais vers la forêt tropicale pour de nouvelles découvertes,
José entame une conversation avec quelques guides attendant visiblement les
rares visiteurs présents ce matin. À l'occasion de cet échange, nous apprenons
que le gouvernement s'apprête à fermer d'ici quelques jours tous les sites
touristiques de la région et que depuis ce matin, les liaisons routières des
grandes compagnies de bus ont été stoppées. Nous qui envisagions de rejoindre
Cancun par ce biais dès le lendemain, sommes une nouvelle fois contraints de
revoir nos plans.
Les collègues de José nous confirment néanmoins que les shuttles, ces minibus assurant les liaisons sur de courtes
distances, sont toujours en activité. Au moins nous pouvons encore bouger...
C'est donc sur cette dernière information positive que nous
finissons la visite dans la jungle Mexicaine, toujours accompagnés par notre
jeune guide qui nous impressionne par son savoir.
De retour à l'hôtel, Yannick et les enfants profitent de
l'agréable piscine en limite de la forêt depuis laquelle on repère nombreux
cris dans les cimes des grands arbres qui nous font face. L'atmosphère est
singulière, et tout ici semble vouloir nous permettre de prolonger cette
aventure mexicaine. Pourtant, les informations captées lors de notre visite
m'ont mise en alerte, et malgré un appel la veille à l'ambassade qui se voulait
rassurant quant à la suite de notre séjour ici, je décide de les rappeler,
espérant préciser mon intuition soudaine.
Ce coup de fil sera décisif dans la suite de notre voyage.
La charmante personne qui me répond m'explique qu'ils
viennent de terminer leur recensement et qu'actuellement 40000 ressortissants
français ont été comptabilisés au Mexique. Elle m'informe alors qu'en cas
d'épidémie équivalente à ce que la France connaît, les moyens sanitaires ne
sont pas suffisamment adaptés et que, compte tenu du nombre important de
français, ils ne seraient pas en mesure de rapatrier tout le monde si la
situation devait dégénérer. Elle m'indique également que les vols commerciaux
au départ de Mexico ont été réduits à un vol par jour
et qu'enfin, il n'est pas judicieux de se diriger vers Cancun
d'où aucun vol direct vers Paris ou Bruxelles n'est possible sachant que les
transits à Miami ou au Canada sont désormais impossibles.
Me voilà donc éclairée sur cette situation qui évolue décidément
plus vite que ce que l'on avait imaginé.
Si l'on veut désormais éviter un second épisode Guatémaltèque, l'expérience nous a appris qu'il faut
désormais réagir très vite.
Je propose donc à Yannick de revoir nos plans et d'envisager
dès le lendemain de rejoindre Mexico afin de rallier
Bruxelles.
Décision est prise, plus question de confinement dans le
secteur de Cancun comme nous l'avions envisagé et encore moins de déambulations
culturelles, l'heure est désormais sonnée de rejoindre l'Europe et plus
précisément notre tortue sur le point de débarquer à Anvers d'ici une semaine.
Après un appel au chauffeur du shuttle
qui nous avait déposés à l'hôtel il y a deux jours, rendez-vous est pris, il
passera demain matin à 10h et se charge d'organiser notre liaison vers
l'aéroport de Villa Hermosa depuis lequel nous
envisageons un vol vers Mexico.
La tête pleine de toutes les informations traitées
aujourd'hui, je profite de ce qui pourrait être ma dernière soirée au Mexique
pour immortaliser le magnifique ciel étoilé qui nous surplombe.
Rejoint par Pablo, nous observons ensemble la quantité
incroyable de points lumineux au-dessus de nos têtes, dont la constellation des
"tres Marias" dont nous avions découvert la
popularité auprès du public du planétarium de Buenos Aires.
J'en profite alors pour l'initier à une petite séance de
photos nocturnes et savoure pleinement cet instant de complicité au calme de
cette splendide nuit.
Vendredi 20 mars.
Dernier regard sur le joli jardin de l'hôtel et voilà que
Luis, notre chauffeur, fait son entrée dans la cour.
La journée semble prendre une succession d'enchaînements
positifs. D'un shuttle à l'autre, aucune attente, la
coordination semble s'être bien entendue grâce au réseau de Luis que nous
remercions chaleureusement.
Arrivés à l'aéroport, 4 billets sont disponibles sur le vol
de 18h pour Mexico. Parfait. Contrôles de température
et document médical en poche, nous embarquons enfin, après une après-midi
d'appels visio avec les amis et la famille qui nous
informent de l'atmosphère qui nous attend en Europe.
Pendant le vol, nous nous laissons portés, rêvant déjà de
notre tortue que nous allons sans doute pouvoir retrouver plus tôt que prévu si
la situation Belge ne se dégrade pas d'ici là.
Confiants, nous profitons de cette traversée vers Mexico, et survolons le pays bercés par une mémorable
lumière de coucher de soleil qui se reflète sur les nuages, avec en tête cette
promesse que, le moment venu, nous reviendrons découvrir ce magnifique pays.
Une petite heure plus tard, nous posons le pied à l'aéroport
international, rapidement saisis par une atmosphère nettement moins poétique.
La densité de population et le port du masque visiblement
plus populaire ici nous rappellent soudain à la prudence.
Renforcés par ce sentiment de confiance et de positivisme
qui nous accompagnent depuis ce matin, nous retrouvons nos bagages et nous
dirigeons directement au comptoir d'Air France KLM espérant s'envoler sur le
premier vol disponible à destination de Bruxelles. Mais alors que dans la longue file d'attente, nous
comprenons que certains sont présents depuis 3 jours à l'aéroport sur une liste
d'attente qui ne cesse que de s'allonger, nos derniers espoirs de retrouver
l'Europe s'envolent à l'annonce des prix exorbitants de l'hôtesse présente au
comptoir.
Entre 19000 et 30000 euros pour 4 pour un vol milieu de
semaine prochaine au mieux !
Après lui avoir fait répéter les tarifs par peur d'avoir mal
compris, elle nous conseille de passer par le site internet ou par la
plate-forme téléphonique dont elle me donne les coordonnées.
Nous sommes abasourdis. Jamais nous n'imaginions de tels
prix qui nous condamnent alors à rester dans le pays le temps que la situation
s'améliore.
Après avoir trouvé un coin à l'abri des passages incessants
et des français râleurs que nous avions oubliés, nous trouvons un vol pour
Paris 5 jours plus tard mais dont les seules places disponibles sont en classe
business... tant pis pour le budget, nous réglons la facture de 5000 euros
nécessaires à cette nouvelle traversée et trouvons place dans un hôtel du centre-ville
le temps d'attendre la date de départ prévue mardi prochain.
Pendant ces 5 jours, nous nous autorisons une sortie afin
de découvrir une partie de la ville. L'occasion de nous équiper de nouveaux
masques lavables et de gel antibactérien dont l'approvisionnement semble être devenue
compliqué dans l'hexagone.
Mexico nous surprend par la
qualité de ses aménagements urbains et la propreté de son centre-ville. Le
style architectural est plutôt contemporain mais souligné par de nombreux
monuments historiques aux statues de pierre très imposantes.
Malgré notre volonté de garder nos distances avec tout
rassemblement de foule, la cathédrale nous attire irrésistiblement. À
l'intérieur, le Christ semble vouloir protéger tous ses disciples avec la
diffusion sur de grands écrans installés au pied de sa croix de messages de
prévention face à ce virus mondial.
Quelques photos souvenir de ce passage à Mexico
et déjà, il est venu le temps de quitter l'Amérique.
Mardi 24 mars.
Le vol est programmé à 23h55, pourtant, compte tenu du
surbooking qui semble être pratiqué en cette période, nous préférons nous
présenter dès le début d'après-midi à l'aéroport.
Installés face aux énormes tableaux d'informations, nous
observons avec une certaine nervosité le nombre de vols annulés s'afficher en
rouge au fil de la journée.
Alors que la ligne de notre vol est cernée par cette couleur
agressive qui me rappelle les ratures de certains profs, la dernière colonne
affiche un message qui nous redonne un peu d'espoir "on time".
Restant sur nos gardes face à ces changements de dernière
minute qui nous guettent, nous nous plions aux contrôles médicaux de rigueur et
effectuons les formalités nécessaires avant l'embarquement.
Suivant la file des voyageurs privilégiés, nous accédons à
bord et découvrons alors la confortable cabine qui nous est réservée. L'espace
est à la fois spacieux et cosy. Les enfants exultent
face à ce luxe inhabituel et pour le moins exceptionnel depuis ces 10 derniers
mois.
La pression commence à retomber pour enfin laisser place à
ce moment hors du temps que nous offre ce voyage.
Ce soir, c'est avec un repas savoureux servi dans un service
en porcelaine et allongés dans un lit avec un oreiller et une couette bien
moelleux que nous traversons une nouvelle fois l'atlantique, remplis de tous
ces souvenirs et de toutes ces émotions cumulés pendant presque un an.
L'heure n'est pourtant pas à la nostalgie ni aux regrets car
ce soir, nous nous sentons plus chanceux que jamais. Voyager dans ces
conditions est déjà en soi une expérience exceptionnelle, mais surtout, vivre ses
rêves et prendre des décisions en accord avec soi-même nous apporte une
sérénité que nous avions rarement eu la possibilité de vivre lors de notre vie
d'avant.
En regardant le curseur de l'avion se déplacer sur la carte
de l'énorme écran plat qui me fait face, j'espère désormais avoir la
possibilité de poursuivre notre voyage avant que la date de fin nous ramène à
une réalité que je crains de devoir subir malgré moi... mais "à chaque jour
suffit sa peine". Ce soir, place à la détente !
Jeudi 26 mars.
Après une arrivée sur le sol français digne d'un mauvais
film policier où le budget de la production n'aurait pas permis suffisamment de
figurants pour les postes "contrôle de la température à l'arrivée des
passagers" ou "vérification des autorisations exigées pour les
déplacements", nous quittons notre hôtel près de la gare du nord afin de
rejoindre le quai de départ du Thalys à destination d'Anvers.
Paris est vide, Paris est calme, sentiment aussi paisible
qu'angoissant...
Après un rapide contrôle nous permettant de rejoindre une
rame anormalement vide dans laquelle nous avons été installés de manière
répartie et éloignée avec les quelques passagers présents, nous regardons
défiler les paysages de cette France que nous avions mis de côté. Je souris à
la vue des premiers villages et clochers au milieu des champs, l'impression
bizarre d'être devenue spectatrice d'une histoire qui n'est pas vraiment la
mienne. Rapidement, la Belgique apparaît et sans que l'on ait réellement le
temps de conscientiser tout ce qui nous arrive, le Thalys ralenti déjà à
l'approche de la gare d'Anvers.
L'occasion pour les enfants de découvrir cette
impressionnante bâtisse du centre-ville, à l'architecture remarquable.
Sans n'avoir rien réservé et malgré les fermetures de tous
les établissements hôteliers et logements de location, nous trouvons en
seulement quelques minutes un appartement à louer à quelques centaines de
mètres de là.
Un mail nous informe que notre tortue est toujours en mer et
qu'elle sera disponible au port à partir de mardi prochain, nous voyons alors
dans cette nouvelle, l'opportunité de nous recaler un peu des 8 heures de
décalage horaire, et surtout, de nous délester de tout le stress accumulé ces
derniers jours.
Le soleil d'Anvers ne nous donnera malheureusement pas
l'occasion de profiter pleinement de la grande terrasse de notre
appartement... les réveils vers 15 heures pendant les 3 jours suivants viendront
confirmer notre besoin de récupérer un peu !
Mardi 31 mars.
Le taxi nous attend devant l'immeuble, direction le port.
Avec Yannick, nous regardons défiler ce chemin avec
l'impression de rembobiner le film. Ce trajet fait remonter tous les souvenirs
de ce week-end si particulier un an auparavant, alors que nous confions notre
tortue aux mains de parfais inconnus pour une traversée de l'océan Atlantique à
destination d'une ville qui allait marquer le début d'une nouvelle vie.
Souvenir amusé aussi de notre
retour en stop jusqu'à la gare d'Anvers, avec cette impression à l'époque de
rentrer peu à peu dans nos nouveaux habits de globe-trotters.
Et alors qu'à l'approche du quai nous faisons partager tous
ces souvenirs aux enfants qui étaient à ce moment restés dans le Poitou, nous
leurs désignons le parking où était stationné notre camping-car au moment du
départ, quand tout à coup, nous voilà interpellés par l'image de notre tortue
qui se détache des autres véhicules, stationnée pratiquement à la place près au
même endroit qu'il y a un an.
Quelle joie de retrouver ce que l'on considère comme notre
maison.
Et sans le savoir, le plaisir de pouvoir à nouveau reprendre
la route va nous être sacrément facilité. En cette période de pandémie, les
démarches administratives ont été réalisées par la compagnie qui s'est
également chargée du dédouanement du véhicule. Qui plus est, nous sommes les
seuls voyageurs à venir récupérer notre véhicule cette semaine.
10 minutes et 1 signature plus tard, nous voilà à nouveau à
bord de notre maison sur roues.
Les enfants sont heureux et surtout soulagés de la retrouver
intacte avec toutes nos affaires à l'intérieur.
Autorisation apposée sur le tableau de bord, nous avons
laissé de côté la possibilité de nous confiner en Belgique avant de rejoindre
l'Australie. Désormais, nous avons envie de rejoindre notre domicile afin de
refaire quelques travaux et un peu de décoration avant l'arrivée des futurs
locataires, et surtout, il nous paraît désormais incontournable de poursuivre
cette aventure à bord de notre véhicule et en compagnie de notre chienne qu'il
nous tarde maintenant de retrouver.
3 jours de route, à profiter d'un semblant de liberté et de
la vue sur la belle campagne française et enfin, nous passons récupérer Mady
avant de rentrer.
Dans cette maison qui nous semble immense et
disproportionnée par rapport à nos besoins, nous profitons des commodités avec
ce sentiment d'être dans une maison de vacances.
Bricolage, jardinage, et nouveaux projets professionnels
marqueront cette période d'un mois et demi de parenthèse imposée.
1 mois et demi pendant lequel le syndrome de la cabane
finira par me rattraper...
Alors que Yannick et les enfants se languissent de pouvoir reprendre la route avant le mois d'août qui marquera la fin de cette aventure, je me surprends à ne plus vouloir bouger de la maison et me sens pleinement satisfaite par les nombreuses occupations qui rythment notre quotidien.
Mercredi 20 mai.
La garde de mes petits cousins en Savoie nous offre
l'opportunité de poursuivre notre confinement au milieu du magnifique paysage
alpin, pourtant, il m'aura fallu traverser la France d'ouest en est avant de
retrouver pleinement l'envie de repartir explorer de nouvelles contrées. Le
bonheur des enfants à l'idée de retrouver cette vie de sobriété heureuse sera
vite communicatif et viendra rapidement déteindre sur mon humeur. Une première
crevaison au milieu de l'Auvergne fera finalement sourire toute la famille en
nous replongeant dans ce que l'on considère désormais comme une banale habitude
!
Après un arrêt au lac Pavin et le plaisir de quelques gourmandises culinaires de la région, nous voyons au loin se dessiner les silhouettes familiales qui guettaient attentivement notre arrivée.
Grimpés sur la colline qui surplombe leur camping-car tout
juste acquis, les grands signes d'accueil de mes cousins feront exulter la joie
de Lou et Pablo qui se languissaient de ces retrouvailles.
Quel bonheur...
Qu'il est bon de profiter à nouveau de ces moments de vie
simples au coeur de ce décor exceptionnel.
Très vite, nous retrouvons nos réflexes de cette vie de
nomades qui nous plaît tant et reprenons les petites habitudes d'organisation
sud-américaines qui rythmaient nos journées en compagnie des "suiveurs
d'étoiles" et des "bidons rouges".
Les randonnées face à la dent de Crolles nous rappellent
certaines réalisées au cour du parc de Torres del
Paine et viennent souligner l'absence de nos amis montagnards avec qui nous
avions pris l'habitude de partager ces trecks. Mais
quel plaisir de partager cela en famille.
Et tandis qu'au retour d'une marche nous profitons d'un
moment de détente à proximité des camping-cars, une moto vient se stationner au
beau milieu de notre campement... Ayant reconnu au loin les stickers apposés
sur notre tortue, Steve, que nous avions rencontré à Puno la première fois et
avec qui nous avons fêté Noël et nouvel an, se laisse enfin reconnaître en
retirant son casque. Une belle surprise !
Heureux de partager ce moment inattendu avec cet enfant du
pays, nous nous remémorons nos souvenirs communs et profitons de cette
rencontre pour évoquer les dernières nouvelles de nos amis voyageurs.
Ce savant mélange de présent et de passé me donne soudain
l'impression de reprendre le cours de l'histoire...
L'avenir reste à ce stade toujours incertain, mais cette
dernière traversée nous aura permis de renouer avec les envies qui nous
animent, et le voyage avec notre tortue fait partie intégrante de ces
dernières.
Le scénario a enfin repris son écriture et nous avons
désormais la certitude d'en être à l'origine !