EPISODE 1 - BIENVENIDOS A URUGUAY


 

« Bienvenidos a Uruguay »

C'est sous ces quelques mots chaleureux que nous arrivons à l'aéroport de Montevideo le 28 juin 2019, 34h après avoir refermé la porte de notre maison et surtout, de notre vie d'avant.

Lors d'une première escale à Madrid, nous prenons plaisir à observer l'architecture si particulière des plafonds de bois ondulés qui signent les différents halls de cet aéroport. Les enfants sont émerveillés, et Lou exprime à ce moment qu'elle prend soudain conscience du changement qui s'annonce.

Avec Yannick, c'est surtout le souvenir de notre voyage au Pérou qui nous revient à l'esprit. Alors enceinte de 5 mois de Pablo, cet aéroport m'était apparu comme un refuge sécurisant après une nuit d'avion depuis l'aéroport de lima ponctuée de contractions. Malgré ce voyage éprouvant, « Pablo del Perou » comme le surnomment affectueusement certains de nos amis, était resté au chaud jusqu'à terme, ayant bien profité d'un plein de globules rouges lors de sa première ascension à 4910m d'altitude !

Nous profitons plus que l'on ne voudrait de Madrid et prenons une heure de retard qui viendra compromettre notre embarquement sur le vol suivant. A Sao Paulo, nous sommes contraints de récupérer nos bagages afin de prendre un nouvel avion, 3h plus tard que prévu. Mais alors qu'en temps « normal » ce type de contretemps nous aurait contrarié, nous restons philosophes et profitons de ce temps de pause pour nous restaurer un peu.

Nous embarquons finalement pour Montevideo.

Notre dernier vol s'approche de la piste d'atterrissage. La Capitale de l'Uruguay a décidé de rester discrète et garde le privilège des présentations pour plus tard, parée d'un brouillard dense qui est peu à son avantage.

Nous avions prévu de finaliser les documents administratifs pour récupérer le camping-car dès notre arrivée, mais il faudra se résoudre à attendre lundi, car les services de l'immigration ferment à 15h.

Durand les deux premiers jours, nous parcourons la ville à la découverte de son coeur historique. C'est sous un crachin qui nous contraint à rentrer plus tôt que prévu de notre escapade, et toujours sous un épais brouillard, que nous débutons nos visites.

La place de l'Indépendance nous parait triste, et ce n'est pas les deux gardes somnolents, gardiens des reliques du Général José d'Artigas qui viendront égayer cette journée. Les rues semblent vides et beaucoup de boutiques sont fermées. On est pourtant samedi. Nos codes sont chamboulés.

Vers 15H, nous sommes surpris par le nombre de personnes attablées dans les restaurants du « Mercado del Puerto » (le marché couvert du port). Ici les végétariens n'ont pas leur place face à la succession de « parillas » (grillades), aussi succulentes que traditionnelles. Si le quartier n'est pas très attractif, ce lieu dégage une telle atmosphère qu'il aurait été dommage de le louper.

La magnifique Cathédrale nous abrite l'espace d'un instant, et nous prenons plaisir à nous isoler des bruits de la ville tout en profitant de ce magnifique témoin de l'histoire Uruguayenne.

Il pleut toujours, et c'est frigorifiés que nous retrouvons le chemin de notre cocon temporaire.

La connexion internet de notre confortable hôtel nous permet de travailler un peu notre site internet, tandis que les enfants profitent de la piscine surchauffée et de la salle de sport avec vue sur les toits de Montevideo.

Bien que le plaisir de cet endroit cosy nous permette de recharger les batteries, ces trois jours sont vécus comme un sas de décompression avant le grand saut vers l'inconnu. La chambre aseptisée et le petit déjeuner continental sont à Milles lieux de la vie que nous nous sommes choisis et il nous tarde de partir à la découverte de tout ce qui nous attend. Patience. On avance, doucement, et demain, sonnera enfin le jour du départ, le vrai !

Il aura fallu 48H à cette grande Dame avant de nous permettre de la contempler. Enfin ce dimanche, le soleil fait son apparition et vient considérablement modifier nos premières impressions. Dans cette fraicheur hivernale, Montevideo nous dévoile ses façades aux empreintes coloniales, néo-classique, Art déco et post-modernisme. Au gré du passage des nuages, elle dévoile les volutes et décorations de ses façades, et surtout ses teintes aux tendances hispaniques qui réchauffent quelque peu l'image terne dont nous l'avions affublée.

Les appareils photos des enfants crépitent à nouveau. C'est bon signe  ! Il règne aujourd'hui une certaine fébrilité et une agitation inhabituelle. Nous comprendrons plus tard l'importance de cette journée dans l'histoire de ce pays.

Côté découvertes culinaires, nous avons gouté le « Chivito » - cette sorte de hamburger composé de viande de bouf coupée en fine tranche, de jambon, d'un oeuf sur le plat, de salade et de tomates. Le tout accompagné de frites et d'une salade de pommes de terre. Adeptes du régime Crétois : passez votre chemin !

Nous avons également apprécié la « Dulce de Letche » (confiture de lait), aux saveurs mixant à la fois la douceur du lait concentré très sucré à celle du caramel.

Mais s'il fallait résumer cette ville à une particularité, ce serait le maté. A chaque coin de rue, nous croisons des Uruguayens avec leur calebasse coupée dans laquelle vient se plonger une paille métallique composée d'un filtre à son extrémité. Toute la journée, ils dégustent cette infusion de plante séchée portant le même nom, rajoutant régulièrement de l'eau chaude contenue dans leur thermos qui les accompagne.

Alors que nous nous arrêtons chez un primeur, celui-ci m'invite à partager cette coutume, symbole des Gauchos (cow-boy des terres d'Argentine, d'Uruguay et du Sud du Brésil). C'est un peu amère, mais à mon goût. Je reçois surtout ce moment de partage comme un cadeau de bienvenue sur ces terres Sud-Américaines.

Nous ne pouvions quitter cette ville sans y laisser une empreinte - la fontaine à cadenas sera un beau symbole de notre couple et de ce qu'il en a découlé après 15 ans: les quatre plus beaux yeux de jeunes globe-trotter du monde ! Un cadenas portant le nom de Loupastya et nos initiales à Yannick et moi viendra se joindre aux milliers déjà présents autour de cette fontaine.

De retour à l'hôtel, nous comprenons enfin l'agitation de cette journée. C'est sous une horde de gardes du corps et sous les feux des projecteurs des télévisions nationales que nous pénétrons dans le hall. Ce soir auront lieu les dépouillements des primaires pour les élections présidentielles, et l'un des candidats, Ernesto Talvi, a choisi de faire sa conférence de presse sous nos yeux. Il est le troisième candidat élu.

C'est dans cette atmosphère euphorique et bruyante que Montevideo va se refermer derrière nous.

Il est temps de ficeler nos paquetages. Demain, nous récupérons notre tortue !

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