EPISODE 2 - EN ROUTE !


 

« La première démarche que vous devez faire, c'est auprès des services de l'immigration ».

L'assistante qui nous a reçu vendredi dernier dans les bureaux de la société Grimaldi, la compagnie maritime, nous tend une carte sur laquelle elle prend soin de nous localiser les 4 étapes à passer avant d'atteindre, enfin, notre maison sur roues.

Tout est centralisé dans le même secteur géographique, dans le quartier jouxtant le port.

Nous débutons cette journée de lundi en nous présentant dès l'ouverture des bureaux de l'immigration, au guichet d'information. La salle qui accueille les différents fonctionnaires est déjà bondée par tous les demandeurs qui nous accompagnent.

1 heure plus tard, certificat d'entrée sur le territoire Uruguayen en poche, nous retournons dans les locaux de Grimaldi afin d'y récupérer l'autorisation de sortie du port de notre véhicule.

30 minutes après notre arrivée, le mail arrive sur la boite de l'assistante. Etape 2 : check !

Tout se déroule simplement. C'est donc confiant que nous prenons la direction des bureaux des douanes, à l'entrée du port.

Et c'est à ce moment précis que notre enthousiasme commencera à s'écorner... A trois derrière une vitre qui nous permet tout juste de distinguer leur accent, les douaniers se mettent à éplucher chaque document que nous avons à leurs présenter. Passeport, carte grise, assurance, certificat d'entrée sur le territoire, facture acquittée de la société Grimaldi, permis de conduire... tout y passe. Les documents sont conformes pour nous permettre de nous rendre aux bureaux de l'administration... mais ! Ils leurs faut des photocopies. Et comme ils ne sont pas décidés à utiliser leurs propres moyens techniques, nous reprenons le chemin du quartier voisin afin de répondre à leur demande.

Il est 12H10 quand nous revenons au bureau des douanes, ravis de pouvoir passer à l'avant dernière étape... mais ! C'est l'heure du déjeuner ! On nous donne rendez-vous à 14H, même bureau, même trio.

Nous profitons de cette pause pour déguster les parillas (grillades) du mercado del puerto (marché du port) et visiter le Palacio Taranco, une ancienne maison d'une riche famille du début du 20ème siècle, dont le palais fut dessiné par le français Charles Louis Girault.

Requinqués par cette parenthèse gustative et culturelle, nous retrouvons notre trio...

Dans ce batiment Art-Déco, les grands bureaux en open-space disposent d'une telle hauteur sous plafond que l'on n'ose imaginer la note de chauffage. Le mobilier est d'époque, et les peintures mériteraient un sacré rafraichissement.

Pendant la demi-heure qu'il faudra au capitaine de l'équipe pour remplir les quelques informations nécessaires, nous avons le temps de nous imprégner de l'atmosphère froide et concentrée qui règne ici. Les allers-retours sur la chaise à roulettes qui tue l'ennuie des enfants mettra nos nerfs à rude épreuve pendant cette attente...

Ah ?! Ca y est ! Le douanier nous tend notre document. Nous pensons pouvoir nous diriger vers le batiment administratif pour procéder à la prochaine étape... mais ! C'était sans compter un petit passage dans un bureau voisin, afin de finaliser l'enregistrement que notre douanier favori venait de faire... ça n'en finit pas. Et bien entendu, pas un seul fonctionnaire ne parle anglais. L'occasion pour nous de tester un peu notre niveau de communication. On ne s'en sort pas si mal finalement.

Plus que deux étapes à franchir.

Nous sortons du bâtiment des douanes et reprenons l'avenue qui lui fait face afin de nous rendre dans les locaux de l'administration. 4 bureaux et 6 fonctionnaires plus tard, nous nous sommes acquittés du règlement nécessaire à l'obtention d'un énième papier.

Nous pénétrons enfin à l'intérieur du port, et suivons la direction apposée sur la carte par l'assistante de Grimaldi. Nous longeons la route au milieu des containers colorés, des grues de manutention et des camions de chargement. Le soleil nous fait de l'oeil.

3 kilomètres plus tard, nous apercevons enfin notre camping-car. Il est là, sagement parqué devant les bureaux de la société Lobraus, au milieu de quelques congénères. Ils ne sont pas nombreux au port. Avec sa tortue sur les flancs, le nôtre se détache dans cet environnement répétitif.

Nous entrons dans les bureaux. Il fait sombre et le ménage semble daté de l'époque de la construction du batiment... on se croirait dans un garage. Derrière les deux employés, nous observons un immense hangar. La diversité et la quantité de marchandise stockée ici y est vertigineuse.

L'employée occupée à remplir sa bouillotte s'adresse enfin à nous. Nous lui présentons fièrement notre imposante liasse de documents et pensons avoir passé avec brio l'ensemble des missions que l'on nous a imposé, mais ! ... il manque un nouveau document !

Cette fois c'est une autorisation de travail... pour une famille de touristes nous ne comprenons pas bien la subtilité, mais nous n'avons plus l'énergie nécessaire pour négocier, et acceptons docilement de récupérer ce nouveau formulaire.

Un employé accepte gentiment de nous accompagner en voiture. Nous rebroussons chemin sur deux kilomètres et nous arrêtons dans un des bâtiments que nous avons longé.

Alors que nous passons la porte d'entrée, un homme m'interpelle. Il est Argentin et souhaite lui aussi récupérer son véhicule mais il a un souci avec son assurance. Il me précède jusqu'à l'étage afin de lui permettre de photocopier la nôtre. Son problème est visiblement résolu. Il me remercie chaleureusement. Il s'appelle Pedro et nous invite à venir le saluer en Patagonie lors de notre passage.

Yannick et les enfants m'ont rejoint dans ce bureau au silence religieux. Une fonctionnaire a récupéré notre liasse et rédige le papier attendu. C'est bon.

Nous reprenons la route en direction de notre tortue. Mais ! A quelques encablures du parking, notre chauffeur s'arrête à un poste de garde, expliquant notre situation à l'employé du port. Nous devrons emprunter cette sortie afin d'être tranquille de toutes formalités nous explique-t-il.

Clé en main, nous pénétrons dans notre maison sur roues. Le temps semble s'être figé. Nous la retrouvons telle que nous l'avions déposé à Anvers, il y a déjà un mois.

Passé le poste de douane que nous a indiqué notre chauffeur, la pancarte « Salida » indiquant la sortie ultime trône au-dessus de nos têtes. Nous sommes euphoriques et à la fois soulagés... mais ! C'était sans compter la petite dame en noir qui guettait notre sortie !

Encore la douane ! Nous présentons notre liasse accompagnée de notre plus beau sourire... ça ne lui suffit pas. Il manque un papier ! Nous ne comprenons pas lequel. Elle part avec notre chemise.

Une file d'attente commence à se former derrière nous. Quelques minutes plus tard, elle revient, sort de sa poche son téléphone, et tire quelques photos de nos papiers.

Cette fois c'est bon. La route nous attend.

Nous soufflons, heureux d'avoir atteint notre objectif de la journée.

Nous passons à l'hôtel récupérer notre paquetage et nous mettons à la recherche de stations d'essence et de vendeurs de gaz.

Les pleins techniques sont faits grâce à l'aide précieuse du patron de la boutique de gaz, dont l'ingéniosité associée à mon astucieux mari, nous a permis de raccorder cette bouteille typique de l'Uruguay dont nous n'avions pas les raccords ni flexibles adéquates.

C'est au bord du rio de la Plata que nous achevons cette journée fatigante, bercés par les rafales de vent que nous n'entendrons pas longtemps. Nous plongeons vers un sommeil profond... et bien mérité !

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