19 Septembre 2019
Episode 2 - De Cusco au Machupicchu - sur les traces du passé...



 

En remettant le pied sur le sol Péruvien, il était évident que nous allions remonter le temps et marcher sur les traces de civilisations aujourd'hui disparues.

Mais en plus des traces de ce passé Incas, ce sont nos empreintes à Yannick et moi que nous pourrions presque retrouver 10 ans après, tant les images de ce voyage semblent se superposer à celles que nous partageons aujourd'hui avec Lou et Pablo, désormais à nos côtés...

 

10 septembre. Après avoir trouvé une station dans laquelle nous avons non seulement pu faire un gros arrêt technique mais aussi un nettoyage extérieur complet du camping-car, nous voici en train de circuler sur les pavés des rues de Cusco, à la recherche de notre point de stationnement pour les prochains jours.

Nous nous rapprochons du centre historique de la ville, et avec les derniers mètres qui nous séparent de la place centrale, c'est un nombre de souvenirs incalculable qui remonte tout d'un coup à la surface, comme si notre dernier séjour ici remontait à seulement quelques jours en arrière... L'impression que la vie s'est figée, que rien n'a fondamentalement changé. C'est bouleversant.

Le jour où nous avions quitté cette ville 10 ans plus tôt, jamais nous n'imaginions repasser sur cette place qui nous avait tant charmée, avec à nos côtés nos deux petits voyageurs, et surtout pas au volant d'un camping-car ! Nous sourions de ce constat presque surréaliste avec Yannick et savourons cet instant.

Le temps est couvert lors de notre arrivée mais immédiatement le charme de cette jolie ville opère sur les enfants qui en apprécient l'architecture et la composition urbaine, témoin, presqu'à chaque rue, de l'histoire de la civilisation Incas et de la découverte du nouveau monde.

 

Nous trouvons une place à quelques pas de la place centrale dans une des rues perpendiculaires, et nous stationnons à côté d'un camion aménagé, avec non loin de lui, un bus, lui aussi aménagé.

Voyant sur le toit du camion un homme en train de bricoler, je m'approche afin de faire connaissance. Tout comme les propriétaires du bus voisin, il s'agit d'une famille d'Argentins venant de Buenos Aires. Parents de 2 enfants, il ne faudra pas plus de 2 minutes à Lou et Pablo pour engager avec leur jeune garçon, une partie de foot improvisée en pleine rue de Cusco. Et comme à notre habitude désormais, les discussions entre voyageurs au long cours mettront le temps en suspens ! Très vite rejoints par Pablo, le propriétaire du bus, nous prenons plaisir à échanger sur nos pays respectifs et les voyages qui nous animent les uns les autres.

Voyant notre plaque d'immatriculation, un jeune homme s'approche de notre groupe. Sacha, un back-packer de l'Oise en voyage au Pérou, tout juste arrivé, se joint à nous, et viendra égayer cette conversation déjà très conviviale.

 

Après une bonne heure passée à refaire le monde aux côtés de nos véhicules, nous débutons notre visite de la ville.

Les enfants sont impatients de voir le mur Incas et d'y chercher la fameuse pierre aux 12 angles à l'origine de cette construction.

Après un passage par la cathédrale, nous prenons la direction de la rue en question. Face à face, le mur Incas s'oppose à ce que les Péruviens surnomment "le mur des incapables", désignant celui réalisé par les conquistadors, et dont le principe constructif n'a décidément rien à envier à celui des Incas.

Se remémorant les images de l'émission "Échappées belles", les enfants repèrent la pierre aux 12 angles avec un sentiment de fierté et la joie de découvrir de leurs propres yeux ce qui, quelques mois auparavant, n'était encore pour eux qu'une fiction télévisée.

 

Avec Yannick, nous marchons nous aussi sur les traces du passé...de notre passé. Sur la place, face à l'église, les bancs, les massifs de fleurs et les candélabres sont totalement identiques, au point de réaliser une photo quasi similaire avec ces mêmes éléments de décor, où seul le sujet central diffère pour laisser place désormais à nos deux enfants, au lieu de la jeune femme de 28 ans que j'étais à l'époque...Nostalgie quand tu nous tiens !

Pendant 2 jours, nous prenons plaisir à faire découvrir cette jolie ville aux enfants, y compris au travers de sa gastronomie. Nous goûtons au Ceviche (poisson cru, citron vert, oignons, piment) et à la Cuye (cochon d'Inde). La forte quantité de piment viendra quelque peu décevoir nos papilles avec Lou, pourtant ce plat est très frais et excellent en goût. Quant au cochon d'Inde, hormis la vue des dents à laquelle nous avons du mal à nous faire, le goût proche de la viande de lapin viendra rassasier l'appétit de Yannick et Pablo.

 

Comme nous l'avions fait 10 ans en arrière avec l'achat d'une tapisserie, j'avais promis aux enfants de conserver un souvenir artistique de notre passage ici.

La veille, Lou avait apprécié une aquarelle représentant des lamas. Nous nous mettons donc à la recherche du peintre en question et avons la chance de le retrouver. Les enfants choisissent chacun une toile que nous aurons plaisir à faire encadrer lors de notre retour en France.

Les observant marcher, leur aquarelle dans les mains, j'ai le sentiment de leur transmettre un écho de cette aventure à 4, qui j'espère, saura entretenir le souvenir de tous ces moments forts qu'ils vivent actuellement au travers de leurs yeux d'enfants...

Après ces deux jours, nous quittons nos voisins voyageurs, avec en poche désormais, nos billets pour le fameux et attendu site du Machupicchu...

 

Direction Ollantaytambo.

Sur la route, nous nous arrêtons face à un marché couvert à la sortie de Cusco. Celui-ci fait face à un grand supermarché mais tout naturellement, nous nous tournons vers les petits marchands installés à même le trottoir ainsi que vers les vendeurs du marché.

Je souris à nous observer aussi à l'aise au milieu de cette vie si loin de nos habitudes quotidiennes d'il y a 3 mois en arrière. Capables de trouver tout ce dont nous avons besoin, malgré des codes à l'opposé de ceux que nous avons connus jusqu'à présent. Je suis heureuse de cette intégration, même si notre passage ici n'est que furtif.

Au détour d'une rue bordée de marchands ambulants, mon regard se pose sur celui d'un petit garçon. Assis par terre, à côté d'une petite étale qu'il tient seul, une trousse bleue à ses côtés, il se concentre sur ses devoirs scolaires au milieu du bruit et des vas et viens. La vision de cet enfant me bouleverse... Ce n'est pourtant pas le premier que l'on voit travailler dans ces conditions mais lui, je ne sais l'expliquer, me touche d'avantage.

L'image de cette trousse sur le trottoir me reste en tête et occupera mes pensées un bon moment...

 

Sur la route vers Ollantaytambo, nous nous arrêtons découvrir les ruines Incas de Pissac. Cette première découverte des cultures en terrasses impressionne les enfants qui réalisent le travail nécessaire à l'élaboration de ces différents plateaux de terre, et surtout des murs qui les soutiennent.

Ce jour-là, alors que la pluie nous accompagne depuis notre départ de Cusco, le soleil fait son apparition pile au moment où nous débutons la visite des lieux, nous profitons pleinement de cette chance.

Après une bonne heure à arpenter le site et ses dénivelés, nous poursuivons vers Ollantaytambo.

Face aux ruines que nous ne visiterons que d'ici quelques jours, nous stationnons le camping-car sur le parking gardé de la ville, à côté d'immenses parcelles de fraises.

 

Le lendemain matin, rendez-vous est pris avec une agence dont le bus doit nous mener à Hydroelectrica, dernier village avant Aguas calientes, au pied du Machupicchu.

Pendant 4 heures, nous enchaînons les virages à flanc de ravin, faisant contre poids à chaque giration du minibus, essayant de nous rassurer entre voyageurs face à la conduite brusque et nerveuse de notre chauffeur...il était temps d'arriver !

Soulagés de maîtriser à nouveau la sécurité notre propre personne, nous nous mettons désormais en marche pour 2h30 de randonnée le long de la voie ferrée avant de rejoindre notre hôtel.

 

Lou rêvait depuis longtemps de voir la forêt tropicale. La voici désormais comblée de réaliser ce rêve, observant chaque détail de ce nouveau tableau tant espéré. Au milieu de cette végétation dense et verdoyante, composée de bananiers, d'avocatiers, de caféiers, d'orchidées et autres épiphytes colonisant chaque étage de ces grands arbres tropicaux, je suis comme 10 ans auparavant, subjuguée par cette densité et la richesse de cette forêt. Incroyable de voir à quel point chaque espèce profite de l'autre, combien chaque niveau est occupé par une diversité de végétaux qui par la même occasion offre un environnement propice à la vie des insectes et des oiseaux entre autres.

Je suis contemplative et surtout très inspirée par cette abondance. Au point de commencer à me projeter sur les plans de notre future forêt-jardin envisagée sur notre nouveau terrain acheté tout juste avant notre départ.

Sous une pluie chaude et fine dont l'atmosphère ne fait que renforcer la vision qu'avait Lou de cet environnement, nous arrivons à Aguas Calientes.

La ville en elle-même n'a pas de charme particulier et est avant tout un point de chute pour tous les visiteurs du Machupicchu. Nous y retrouvons notre hôtel et profitons du confort de la chambre pour faire un dîner pique-nique dont raffolent les enfants.

 

Samedi 14 septembre. Les horaires matinaux de la salle du restaurant de l'hôtel nous obligent à un réveil aux aurores, mais va surtout nous permettre de trouver rapidement une pharmacie afin de soulager la paupière très enflammée de Lou depuis hier.

Médicaments en main, nous retrouvons Yannick et Pablo dans la file d'attente pour la navette ascendante vers le Machupicchu.

Les enfants trépignent. Ce site mythique tant attendu n'est plus désormais qu'à quelques minutes...

 

Contrôle des passeports et des billets effectués, nous empruntons l'allée nous menant vers les ruines. Quelques minutes de marche et devant nous, au milieu d'une brume qui se lève peu à peu, l'image tant attendue et tant observée sur les photos des guides et des agences touristiques apparaît enfin devant nous. Les enfants sont captivés et ne lâchent plus leur appareil photo, au grand dam des nombreux touristes qui s'agglutinent tous au même endroit afin de capter le même panorama.

Contrairement à 10 ans auparavant, nous avons le sentiment que le nombre de touristes fréquentant le site a nettement augmenté, et qui plus est, les circuits désormais imposés concentrent tout le monde au même endroit, nous contraignant à tous avancer dans le même sens au son des sifflets des gardiens veillant à faire avancer les troupes...

Malgré la fréquentation et les contraintes imposées pour cette visite, le témoignage de cette vie passée est envoûtant. Culminant en haut de cette montagne, le site offre une vue dégagée sur les montagnes environnantes et les vallées qui l'entoure.

 

Peu à peu, la brume et les nuages disparaissent au profit d'un soleil éclatant, rendant rapidement l'atmosphère étouffante.

Nous resterons 3 heures sur place à profiter pleinement de cette merveille du monde. Mais pris dans un flot de touristes, et ayant interdiction de faire demi-tour, nous passerons à côté du temple du soleil que je tenais tant à faire voir aux enfants.

Contrariée par cette déconvenue, mes pensées seront vite recentrées par la concentration nécessaire à la descente jusqu'au village. Après s'être inscrit dans nos mémoires, les Incas ont désormais entrepris de se graver dans nos muscles ! La succession de marches irrégulières pendant près d'une heure auront raison de nos jambes. Nous avons pitié des marcheurs ayant entrepris l'ascension à pieds et sommes satisfaits d'avoir pu opter pour l'option du bus à la montée...

Enfin nous retrouvons le village.

 

Afin de se remettre de cet effort, nous profiterons de la fin d'après-midi au sein des eaux de source naturellement chaudes. Aguas Calientes porte bien son nom. Dans des bains allant de 36 à 39°C, la chaleur ramolli nos muscles au point de ne plus avoir la force de retourner à l'hôtel.

Sur le chemin retour, nous observons les nombreuses sculptures réalisées dans la pierre naturelle, et représentant des scènes sur la vie des Incas et leurs croyances. L'éclairage qui les met en valeur renforce la présence de ces oeuvres et l'énergie qui s'en dégage...magnifique.

 

Dimanche 15 septembre. Une page se tourne à nouveau.

Nous laissons derrière nous l'un des sites majeurs de ce voyage, emportant avec nous ce souvenir marquant pour chaque voyageur qui a l'opportunité de parcourir ces lieux exceptionnels. 2h30 de marche nous séparent d'Hydroélectrica avant de reprendre le minibus pour Ollantaytambo. L'impression de rembobiner la bande...

Le trajet retour se fait sous un soleil radieux, et en bonne forme. Les enfants ont des images plein la tête de ces 2 jours passés, et profitent de cette légèreté pour apprécier d'autant plus la richesse botanique qui nous enveloppe.

Sur le trajet, un groupe portant un même tee-shirt en faveur de la protection de la nature s'active à ramasser le moindre déchet dans de grands sacs tissés. Je les interpelle afin de comprendre s'il s'agit d'une association, mais à ma grande surprise, il s'agit d'une action mise en place par la municipalité. Enfin le respect de la "patchamama" (la terre mère) reprend du sens et n'est plus reléguée qu'aux croyances passées. Nous les félicitations et les remerions au passage de chacun d'eux.

Les trains bleus et jaunes assurant la desserte d'Aguas Calientes nous croisent à plusieurs reprises. Je suis rassurée d'observer les enfants marcher sans soucis à un bon rythme, et reste outrée des tarifs pratiqués par ces compagnies ferroviaires qui ont le monopole de ces trajets, désormais très lucratifs.

 

Hydroelectrica. On prend les mêmes et on recommence : même trajet, même chauffeur...et plus grosse frayeur encore !

Cette fois, arrivant face à un autre minibus et ne pouvant pas se croiser à 2 véhicules, notre chauffeur tente une marche arrière afin de trouver un espace suffisant pour laisser passer le véhicule montant. Mais alors qu'il recule en longeant le ravin, je regarde instinctivement à l'extérieur et me fige littéralement dans mon siège à la vue du vide sous le véhicule... La route s'étant éboulée sur une partie située au milieu du véhicule, nous étions suspendus de part et d'autre, une partie de route en moins juste au-dessous de mon siège. Je me sens livide, au point que ma voisine, voyant mon état, se mette soudain à frémir de la situation qu'elle comprenait sans en voir tous les détails...

Le minibus d'en face fini par se frayer un chemin...le nôtre avance en restant sur la piste. Je respire à nouveau, mais suis incapable de bouger pendant plusieurs secondes tant je suis submergée par la peur qui m'a envahi juste avant.

Le trajet aller était pénible...celui du retour sera infernal !

Après avoir fait remarquer au chauffeur qu'il avait dépassé la ville où il devait nous déposer tant il semblait pressé de rentrer à Cusco, nous retrouvons enfin notre tortue, épuisés par ces émotions des 4 heures passées dans le minibus...

 

Lundi 16 septembre. Cette journée ensoleillée va être placée sous le signe de la géométrie. Au travers des ruines Incas d'Ollantaytambo et de ses cultures en terrasses aux angles et à l'alignement des pierres d'une précision remarquable; du site d'expérimentation agricole de Moray dont les terrasses aux courbes caractéristiques pouvaient générer des microclimats allant jusqu'à 5°C d'écart entre le niveau le plus bas et celui le plus haut; et enfin les salines de Maras, dont le tracé des centaines de rectangles aux nuances orangées bordées de blanc dessine un tableau exceptionnel au milieu de cette vallée...

La diversité et la beauté de ces trois sites marquera la fin de ces paysages teintés de ce passé Incas. Après 2 mois perchés dans les hauteurs de la Bolivie et du Pérou, nous reprenons la direction du niveau zéro.

Il nous tarde de revoir la mer et de découvrir la faune marine emblématique de l'océan pacifique. Mais avant d'atteindre Paracas et les îles Ballestas, une autre trace du passé nous attend : les dessins des Nazcas.

D'ici quelques jours, nous aurons la joie de les découvrir ensemble, tous les 4 et pour la première fois...mais ça, ce sera pour le prochain épisode !

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